Tomoe Kobayashi, costumière plasticienne habitant à Tokyo au Japon et Simon Moers, marionnettiste habitant à Arbois en France, travaillent ensemble depuis 2019 sur le projet de recherche « Profane et sacré ». En 2020 et 2021, il.elle ont mené cette enquête d’ethnoscénologie autour de deux axes, artistique et scientifique : la diversité des arts de la marionnette nippone en dehors de l’institution Bunraku et l’utilisation de la marionnette dans les rituels purificateurs au Japon.
Le duo a parcouru une grande partie des îles de Honshû et de Shikoku pour observer des rituels de kadozuke et de kamiokuri, rites de purification des espaces où, dans certaines régions, la marionnette a un rôle prépondérant. À travers les figures de Sanbaso, Okina, Senzai, Ebisu,
Daikoku, ou même à travers les shishimai (danses de lions), il.elle ont pu observer comment un lieu profane se transforme un temps en espace du sacré.
Que ce soient différents foyers familiaux, le parking d’une entreprise de transports routiers ou un hangar de transformation de la plante indigo, le but est le même : purifier et souhaiter le bonheur. Client.e.s et praticien.ne.s (et des citoyen.ne.s bénévoles selon les régions) s’associent pour entretenir un lien vivace avec le monde de l’invisible et, indirectement, préserver une tradition et une culture en voie de disparition.
Ce travail de recensement à pour but de diversifier la représentation de la marionnette japonaise en France, pratique majoritairement occultée par le Bunraku et de nourrir les imaginaires d’artistes-créateur.trice de Simon et de Tomoe des dimensions rituelles dont la culture japonaise est emplie.
Pour cette recherche, portée par le collectif de marionnettistes Projet D, le duo a obtenu l’aide de la Fondation franco-japonaise Sasakawa, de la DGCA – bourse recherche en théâtre et arts associés, de l’AVIAMA et de l’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières via la chaire IcIMA.
Le soutien de la fondation portait sur l’aide aux restitutions données suite aux recherches entreprises qu’ils entreprendront en 2020 sur la marionnette traditionnelle japonaise hors institution, la marionnette-rituelle dans les fêtes populaires.