« Aujourd’hui, à l’évocation de l’architecture japonaise, les images d’un temple ou d’une pagode viennent assez naturellement à l’esprit. Certains auront également en tête des œuvres plus contemporaines : les voiles de béton brut de décoffrage, massifs et modulaires à la manière d’Ando Tadao, les architectures plus légères d’Ito Toyo, Sejima Kazuyo ou les façades ouvragées de Kuma Kengo1, pour ne citer qu’eux. Un fossé générationnel, voire historique, assez surprenant, semble s’être creusé entre les images d’une architecture traditionnelle très emblématique où le bois est le matériau de prédilection, et celles plus actuelles de projets innovants où son usage se réduit. Au Japon, bien que le charpentier en ait longtemps été le maître d’œuvre principal, la culture architecturale contemporaine semble avoir oublié ce savoir constructif accumulé durant des siècles. Une telle constatation s’applique d’ailleurs à nombre d’autres domaines de l’art comme la musique – les enfants japonais apprennent plus volontiers le piano ou le violon que le shamisen ou le koto – la peinture et la sculpture, enseignées selon les canons occidentaux depuis la réforme de Meiji à la fin du XIXe siècle. Le déclin de l’artisanat, l’industrialisation, la modernisation des savoirs et des techniques, sont des phénomènes aujourd’hui observables à une échelle globale, mais dans le cas du Japon en particulier, le contraste est saisissant, même inquiétant, entre ce qui reste d’un patrimoine ancien et ce qui se construit en majorité dans les villes japonaises. »
(Présentation de l’éditeur)
« Tout culture vit, toute tradition et le regard porté sur elle aussi ; les définir concrètement nécessite d’analyser avec précision les termes qui les caractérisent. Nous avons donc considéré dans notre ouvrage, les acteurs, leur formation, le cadre physique et légale de leurs interventions, les systèmes constructifs et structurels, les typologies et leurs évolutions, et le florilège des matériaux et de leurs mises en oeuvre. Ainsi, tout en tentant de décrire l’histoire de la construction en bois au Japon depuis ses débuts, avons-nous esquissé celle de la ou des spatialités nippones. »
(Extrait de la postface Tradition qui es-tu ? )
Manuel Tardits est un architecte, enseignant à l’université de Meiji et l’école ICS College of Arts. Il travaille pour l’agence japonaise d’architecture Mikan Gumi, à Yokohama, qu’il a fondé avec Kiwako Kamo, Masashi Sogabe et Masayoshi Takeuchi. L’agence a été créée après qu’ils aient remporté, en 1995, la compétition lancée par la NHK pour la création de son centre régional de télédiffusion de Nagano pour les Jeux olympiques de 1998. Le titre de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres lui a été décerné en 2007.
Teruaki Matsuzaki est un historien de l’architecture japonaise traditionnelle qui enseigne dans les universités Tokyo Kasei Gakuin et Yokohama National University. Il a publié, au Japon chez Gijutsu Shuppan Nihon no kakuhô kenchiku ga shiritai (Pour connaître les trésors nationaux d’architecture japonaise) et Nihon kenchiku yôshikishi (Histoire des styles d’architecture japonaise –ouvrage collectif).
Benoit Jacquet est un architecte, historien de l’architecture japonaise contemporaine, maître de conférences à l’Ecole Française d’Extrême-Orient (EFEO), professeur invité à l’université de Kyôto. Il a publié, entre autre, Vers une modernité architecturale et paysagère : modèles et savoir partagés entre le Japon et le monde occidental au Collège de France, Dispositifs et notions de la spatialité japonaise aux Presses Polytechniques et Universitaire Romandes.