"La poésie japonaise à forme fixe [waka à 31 syllabes] a depuis longtemps attiré l’attention des Occidentaux qui y ont vu, à juste titre, une expression privilégiée de la sensibilité et des mentalités du pays.
Or, à côté de la poésie des grandes anthologies dont les auteurs se recrutent souvent parmi l’aristocratie, le clergé, les intellectuels ou les littéraires, il existe un corpus de waka - aux contours mal définis - insérés dans des textes doctrinaux de la tradition shintô-bouddhique, mais aussi intégrés dans certains rites ésotériques.
Le présent travail - le premier du genre -, examine ce domaine de la « poésie magique » jusqu’alors négligé par la rercherhe, et se veut une modeste contribution à la connaissance de la société japonaise et de ses concepts religieux, du XVIIe au XXe siècle.
Il s’appuie sur un échantillon de plus de 300 « poèmes à finalité magique » [majinai-uta] et cherche à dégager les multiples référents socio-culturels, éthiques, psychiques et religieux, dont certains connaissent des échos jusque dans les schémas de pensée et les structures de comportement, toujours présents au sein de la société japonaise contemporaine."
Hartmut O. Rotermund, directeur d’études à l’EPHE, Section des Sciences Religieuses, responsable du Centre d’études sur les religions et traditions populaires du Japon, travaille sur l’histoire socio-religieuse du Japon médiéval et moderne.