Projets soutenus par la Fondation

Programmation japonaise du Festival d’automne à la Maison de la culture du Japon à Paris

octobre - novembre 2023

Hiku de Anne-Sophie Turion et Eric Minh Cuong Castaing

Entre cinéma et performance, fiction et documentaire, HIKU porte sur scène le phénomène japonais des hikikomori, ces reclus volontaires, isolés de toute vie sociale. Par le truchement de robots commandés à distance, trois d’entre eux trouvent ici une présence publique et une puissance d’agir.

HIKU ouvre l’espace d’une rencontre a priori impossible. Sur scène, ou plus précisément en téléprésence, Shizuka, Mastuda et Yagi, trois hikikomori en phase de resociabilisation, prennent la parole, interagissent avec le public, déplacent des morceaux de décor et déploient des banderoles. Chacun pilote en effet son robot depuis sa chambre, à des milliers de kilomètres, tandis que Yuika, leur interprète et partenaire de jeu, les accompagne au plateau en chair et en os. S’entremêlant aux actions scéniques, des séquences cinématographiques ouvrent une fenêtre sur leur intimité ici revisitée ou même fantasmée, naviguant entre souvenirs de leurs années de retrait et sensations présentes. Hantée par le motif de la hikikomori-démo, happening par lequel ces reclus revendiquent leur droit à la démission sociale, la pièce condamne moins cette disparition sensible, cette fuite hors du réel, qu’elle ne cherche à la saisir comme un effacement dissident, un moyen de résister aux injonctions contemporaines

1h30
Maison de la culture du Japon à Paris
Ven. 19 au sam. 21 octobre
Jeu. au sam. 19h
8 € à 20 € - Abonnement 8 € à 18 €

En japonais, surtitré en français
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Portrait de famille de Midori Kurata

Autour d’une table à manger, intemporelle métaphore de l’organisation d’un foyer, se dresse, branle et évolue un troublant portrait de famille.

L’œuvre-phare de Midori Kurata nous transporte quelque part entre le polar chorégraphié et le théâtre musical grinçant. Avec cynisme et provocation, un père expose aux membres de sa famille ce dont ils pourront jouir lors de sa mort, du fait de son excellente assurance vie. En réponse, le silence de plomb de l’épouse et des enfants accentue la cruauté de son discours, suggérant en creux que toute parole leur est interdite. D’emblée, ce trou d’air ouvre tous les possibles à l’imaginaire du public qui, au fil de la pièce, se projette dans l’espace mental et émotionnel de chacun des protagonistes.

Incarnée par des interprètes d’une énergie remarquable, l’écriture chorégraphique de Midori Kurata réunit avec audace des techniques éclectiques de la danse, s’en référant ici au ballet classique, tutoyant là l’équilibrisme et le théâtre d’objets. Parmi d’étourdissantes ruptures de rythme, la danse chemine entre la tendresse féérique d’un Casse-Noisette, les arrêts sur image pour les pauses photographiques en famille et la dimension quasi-surnaturelle qu’attise le texte. Une atmosphère à la Festen, dans un délicieux et mystérieux puzzle d’arts vivants et plastiques.

1h
Maison de la culture du Japon à Paris
sam. 30/09 au mer. 04/10
sam. 16h, lun. au mer. 20h, sam. relâche dimanche
8 € à 20 € | Abonnement 8 € à 18 €

02/10, rencontre avec Midori Kurata à l’issue de la représentation

En japonais, surtitré en français
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Mitsouko & Mitsuko de Michikazu Matsune

Michikazu Matsune porte un regard lucide sur les relations entre le Japon et l’Europe en partant du japonisme d’il y a un siècle, d’une passion romancée sur fond de guerre russo-japonaise et de son expérience de vie à Vienne. Un voyage étonnant entre actualité et histoire, traversé d’une fine note d’humour et de sincérité.

Tout part du nom d’un parfum mythique. En 1919, la maison Guerlain crée « Mitsouko », en référence à l’héroïne du roman La Bataille de Claude Farrère, paru en 1909. Une autre femme, réelle cette fois, portait le même nom : Mitsuko Aoyama, l’une des premières Japonaises à vivre en Europe. En 1893, alors que le Japon se militarise et s’occidentalise, elle épouse un diplomate austro-hongrois et devient la comtesse de Coudenhove-Kalergi. À travers ces deux figures féminines, Matsune interroge la fascination nipponne en Europe, tout en confrontant les stéréotypes d’un japonisme sexualisé à notre imaginaire du « péril jaune ». Natif de Kobe, installé dans la capitale autrichienne depuis les années 1990 et donc quotidiennement confronté aux enjeux de l’altérité, cet artiste pluridisciplinaire qui interroge nos identités à l’échelle mondiale démantèle ici nos malentendus culturels réciproques et se défait de ses propres illusions par rapport à l’Occident. Une vaste enquête dans l’inconscient collectif d’hier et d’aujourd’hui.

1h15
Maison de la culture du Japon à Paris
lun. 06 au jeudi 09 novembre à 20h
8 € à 20 € | Abonnement 8 € à 18 €

En anglais, japonais et allemand, surtitré en français
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Crédits photo :
  HIKU : © Eric Minh Cuong Castaing
  Mitsouko & Mitsuko : ©Elsa Okazaki
  Portrait de famille : ©Kai Maetani

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