Exposition « Magie des paysages, un monde en soie »
avec France Demarchi, artiste peintre
Takeshi Fukumura, Tsujighahana
Mami Adachi, teinture et tissage
Du 29 octobre au 8 novembre 2015
mer-ven : 14h-19h / sam-dim : 14h-18h / fermé lundi et mardi
Galerie Hayasaki
Village Saint-Paul, 12-14 rue des Jardins Saint-Paul
75004 Paris
Métro : Saint-Paul (ligne 1) / Sully Morland (ligne 7)
tel : 01 42 71 10 29
web : www.hayasaki.fr
Message du président de la Fondation Franco-Japonaise Sasakawa, Shigeatsu Tominaga
(extrait du livre “De mains en gestes”)
C’est une grande joie pour notre Fondation de présenter ce livre De mains en gestes qui accompagne l’exposition Magie des paysages, un monde en soie. Pour nous, il est l’aboutissement d’un processus commencé il y a deux ans lorsque France Demarchi, sur la recommandation de Mme Kayoko Hayasaki, nous a demandé de la soutenir pour un stage de deux mois dans l’atelier de Yusen de la Takahashi Toku.
Son cheminement artistique, commencé en France, poursuivi en Russie, puis en Chine et en Corée, semblait la pousser inexorablement, vers l’Est, le Japon. Plus précisément dans cette magnifique ville de Kyôto, où coule cette eau si pure sans laquelle les savoir-faire et les arts, textile, papier, culinaire même, n’auraient pu atteindre le niveau d’excellence qu’on leur connait.
Si extraordinaires soient-elles, ces connaissances sont précaires, fragiles. Que personne ne soit là pour reprendre le flambeau et le savoir du faire, du geste, du corps, fruit de longues heures d’apprentissage, de répétition, risque de disparaître. Comment retrouver une pratique qui ne passe pas par l’écrit mais par une certaine relation du corps à la matière ? L’étranger, celui qui ne parle pas la même langue, qui est d’une autre culture, parce que son altérité même le met en position d’apprécier ce qu’il y a de meilleur en l’autre, devient alors un élément déterminant du processus de transmission.
Lors de son séjour à Kyôto France Demarchi a fait la connaissance, par l’entremise de M. Takahashi, de M. Takeshi Fukumura fabriquant de Kimono en tsujigahana et Mme Mami Adachi, tisserande. Ces deux artisans d’exception sont, chacun à leur manière, les héritiers d’une longue tradition, l’un par filiation familiale, l’autre par la rencontre d’un maître.
Magie des paysages est l’occasion d’une belle rencontre entre des artisans de Kyôto et une jeune artiste française. Pour accompagner cette exposition, nous proposons un livre qui permettra au public de prendre la mesure de l’engagement physique, du haut degré de technicité et de la conscience de geste qui accompagne chaque moment du processus de production et qui disparait dans l’œuvre achevée.
Fruit de nombreuses heures de travail, d’un difficile apprentissage, d’une longue tradition, les créations de ces artisans artistes et de cette artiste artisan sont identiquement l’expression d’un héritage, d’une transmission, d’une création. Héritage : parce que chaque créateur, qu’il le reconnaisse ou non, est toujours l’héritier d’une tradition ; transmission : parce que c’est un geste essentiel, prendre, apprendre pour un jour être en mesure de passer le relais à d’autres ; créer : parce que toute répétition est déjà une création.
Ainsi le livre De mains en geste, hériter, transmettre, créer, entre-t-il en résonance avec l’action de notre fondation dont la mission est de « développer les relations culturelles et d’amitié entre la France et le Japon ». Au cœur des savoir-faire, il y a l’humain, l’échange, par-delà des différences culturelles. Pour cette raison, nous avons profité de la présence de M. Fukumura et de Mme Adachi en France pour organiser des workshops avec les élèves de l’ENSAD et de l’École de la Martinière-Diderot.
Mes plus vifs remerciements vont aux artisans, MM. Shuya Takahashi et Takeshi Fukumura, Mme Mami Adachi et à l’artiste France Demarchi, pour avoir accepté de nous ouvrir leurs portes et participer à cet ouvrage. Mme Hayasaki, sans qui tout cela n’aurait pu avoir lieu. Dans le cadre du workshop avec l’ENSAD soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller, les enseignants de l’Ecole et particulièrement Hiroshi Maeda, Roland Schär, Xavier Pangaud et Marie Descourtieux, ainsi que Mme Isabelle Moulin de l’association Silk me back, tous nous ont aidés avec passion. Sans eux rien n’aurait été possible.
Tous les acteurs de ce projet sont animés d’une même passion qui loin de se consumer elle-même les pousse à aller vers les autres. Qu’on me permette de conclure sur une citation que l’on prête au compositeur Gustav Malher et qui me semble particulièrement adaptée : « La tradition, ce n’est pas l’adoration des cendres, mais la transmission du feu ».