En 2021, la Fondation est partenaire du Centre international de Recherche sur le Cancer, Organisation mondiale de la Santé (CIRC/OMS) pour soutenir le projet MACHICATO « Management and follow-up of childhood, adolescent, and young adult cancers of the thyroid gland » (« Prise en charge et suivi des cancers de la glande thyroïde chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes »).
Nous avons demandé au docteur Kayo Togawa, responsable de l’étude de nous donner des détails sur ses recherches.
Pouvez-vous nous exposer l’objet de votre étude ?
Même si le pronostic du cancer de la thyroïde est généralement excellent, des inquiétudes subsistent quant au risque de récidive et aux impacts psychosociaux chez les jeunes personnes diagnostiquées. Actuellement, les données pouvant guider la prise en charge et les soins de suivi des cancers de la thyroïde diagnostiqués à un jeune âge sont limitées, notamment après un accident dans une centrale nucléaire. Notre projet vise donc à mener des entretiens et à apprendre des prestataires de soins de santé qui ont déjà été impliqués dans la prise en charge de jeunes patients diagnostiqués avec un cancer de la thyroïde à la suite de l’accident de Fukushima Dai-Ichi.
Quelles applications thérapeutiques espérez-vous en tirer ?
Nous demanderons aux prestataires de soins de santé comment les patients ont été traités et soignés, quels défis ont été rencontrés et comment ils ont été relevés, etc. Les informations recueillies lors des entretiens nous aideront à identifier les moyens d’améliorer la gestion clinique actuelle et contribueront aux lignes directrices sur la prise en charge et le suivi des cancers de la thyroïde diagnostiqués à un jeune âge en cas d’accident nucléaire ou en général.
Pourquoi mener cette étude qui porte sur les enfants japonais, depuis la France ?
Les chercheurs du CIRC et de l’IRSN ont participé à des recherches épidémiologiques sur l’impact sanitaire de l’accident de Tchernobyl et/ou à l’élaboration de recommandations sur la surveillance de la santé thyroïdienne après des accidents de centrale nucléaire. Cette expertise jouera un rôle clé lors de la conception de l’étude et de l’interprétation des résultats. De plus, une collaboration multidisciplinaire internationale est importante pour parvenir à un bon équilibre des points de vue et des opinions.
Quels liens entre la France et le Japon cette étude permet-elle de créer ou de renforcer ?
Ce projet permettra au CIRC/IRSN et au FMU (Fukushima Medical University) de travailler ensemble pour atteindre l’objectif commun d’améliorer la santé et le bien-être des personnes touchées par un accident de centrale nucléaire. De plus, ce projet contribuera à créer une communauté scientifique et servira de base à une étude épidémiologique de plus grande envergure dans le futur.
La crise sanitaire a-t-elle un impact sur votre recherche ?
La pandémie nous a apporté divers défis dans la conduite de la recherche. Cependant, la technologie d’aujourd’hui permet une collaboration internationale sans voyager pendant de longues heures. L’équipe s’est déjà réunie virtuellement et a développé avec succès la conception de l’étude. Nous espérons cependant pouvoir nous rencontrer en personne un jour pour mieux nous connaître et renforcer la relation.
La Docteure Kayo Togawa est épidémiologiste au département « Epidémiologie de l’environnement et Mode de vie » du Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), agence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) spécialisée dans la recherche sur le cancer. Le Dr. Togawa a obtenu un Master en Santé publique à l’Université de Californie du Sud (USC, Los Angeles) en 2007. Elle débute ensuite sa carrière d’Epidémiologiste au Centre Médical National, City of Hope (Duarte, Californie), où elle mène des recherches sur les traitements anticancéreux, notamment sur leurs complications et leurs effets sur la qualité de vie des patients. En 2010, elle entame une thèse en Epidémiologie à l’USC qu’elle soutient en 2014. La même année, elle obtient une bourse postdoctorale (Actions Marie Sklodowska-Curie) qui lui permet de rejoindre le CIRC. En 2018, elle a accédé au poste de Scientifique. Ses principaux sujets de recherche portent sur les expositions environnementales et les risques de cancer.